Nous portons des solutions qui changeront les manières de penser

Les solutions, les formes d’organisation de la vie que nous portons changeront non seulement notre vie mais aussi nos façons de penser.

Pourquoi aurions-nous peur d'un changement ? Il faut cesser d’avoir peur. Ce qu’il y a à perdre est en réalité destiné à être perdu et ce qu’il y a à gagner c’est de sortir enfin du trou noir social et politique où nous nous trouvons.

Ceux qui n'ont plus d'espoir, ceux qui sont découragés à l’avance, ceux qui ne voient pas la nécessité de tout changer se rejoignent pour prévenir : "si vous n’avez pas d'abord une idée bien précise de ce que vous comptez faire, si vous n’avez pas fait au préalable une liste complète des moyens et des appuis nécessaires, si vous n’avez pas évalué correctement les obstacles que vous allez rencontrer, si vous ne savez pas dès maintenant comment vous y prendre pour tout chambouler, si vous n’avez pas un programme de rechange parfaitement clair, il faut renoncer à changer quoi que ce soit parce que vous ne savez pas où vous mettez les pieds et vous entraînerez vers la catastrophe tous ceux qui vous suivront !"

Ces préventions ne sont pas mal intentionnées, elles sont le plus souvent données comme un conseil d'ami. Mais que vaut un ami qui ne veut pas que l'on cherche à sortir de la condition qui nous est faite ? à quoi et à qui sert son conseil ?

Ces amis-là, ne passons aucun temps à vouloir les convaincre. Voyons simplement que parmi tous les changements que nous allons opérer, il nous faudra notamment renoncer à ce genre d'amis. Et, là encore, nous n'aurons pas perdu grand chose.

Il nous faut maintenant voir les choses du point de vue de l’action et non du point de vue du spectateur. C'est cela "changer la manière de penser" et ça ne se fait pas selon un plan quinquennal. Cela se fait par la rupture. Il faut casser quelque chose de l'ensemble pour qu'un autre ensemble devienne pensable, imaginable.

Quand on change le cours des choses, même un peu, quand on introduit une cassure dans les conditions de vie des gens, ce qui en premier peut changer c'est l’ensemble des manières de penser.

Lors des grandes grèves des transports en France par exemple, les gens au début sont grincheux, amers, en colère d'être dérangés et puis tout cela tourne à autre chose. Ils trouvent des solutions pour bouger, pour se ravitailler. Ils échangent des idées. Les hiérarchies ne sont plus complètement respectées, les habitudes sont inutiles, il faut inventer et les gens y prennent goût. Ce n’est pas à la grève des transports qu’ils prennent goût - en fait, ils ne s’y intéressent qu'assez peu -, c’est à la vie qu’ils mènent pendant ce temps-là. C’est à toutes ces choses nouvelles qui leur passent par la tête ou qui leur arrivent, à ces rires dans la pagaille, ces discussions sur tout et n’importe quoi. Ils se surprennent à avoir de l’audace, à "penser autrement", voilà ce qui compte.

Un chambardement social, c’est cela exactement : une rupture du quotidien qui fait que les gens, tout à coup, ne pensent plus exactement comme avant. Et c'est à partir de là qu'ils peuvent envisager le futur, les solutions, en discuter, parce qu’ils ne voient plus les choses avec les craintes d’avant ni même avec leur cerveau d’avant.

Voilà pourquoi il est vain de se concentrer sur tout ce qu'il faudra faire avant que de commencer. Il faut seulement commencer.

Voilà pourquoi il est inutile de prétendre décider de tout à l’avance. Il faut seulement avancer.

Ce qui exactement devra être fait, doit se discuter et se décider entre les gens, du temps qu'ils le font. Et cela ne peut se discuter et se décider entre les gens que si les têtes y sont disposées, que si les esprits s’ouvrent. Et c'est pour ça qu'il faut commencer : pour créer un événement soudain et inattendu dans le cours des choses.

Cessons d’avoir peur de ce que nous ferons. Cessons d'avoir peur de comment cela sera reçu, de comment les autres réagiront. Cessons d'avoir peur de n'avoir pas de programme. Cessons d'avoir peur de n'avoir pas la même compétence au pouvoir que ceux qui se sont formés dans la longue répression de nos désirs.

Notre rôle à cette heure est très simple. Il faut agir, et nous sommes prêts. Agir pour que les repères ne soient plus les mêmes.

Juste décider d'agir sur ce qui agit sur nous. Et nous ne saurions pas le faire ? Nous savons le faire. Faisons-le, c'est tout. C'est tout.

Merci